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La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806

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La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806 Empty La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806

Message par steiner61 Ven 30 Aoû - 17:42

Situation générale :
En cette fin d’année 1806, après une campagne éclair, Napoléon a mis la Prusse à genoux. Iéna, Auerstaedt, Lübeck, la plupart des forces Prussiennes ont capitulés, sont encerclées ou battent en retraites. Napoléon souhaite entrer en Pologne pour permettre à son armée de prendre ses quartiers d’hiver. Le 28 Novembre, Murat entre dans Varsovie, le 18 Décembre, c’est au tour de l’empereur.
L'armée russe commandée par le maréchal Mikhaïl Kamenski, n’a pu intervenir à temps pour aider son allié Prussien. Kamenski a sous ses ordres la 1e armée russe, commandée par le comte Bennigsen. Forte d'environ 55 000 à 65 000 hommes, celle-ci attend, déployée entre la Vistule et la rivière Wkra, la 2e armée Russe, sous les ordres de Buxhoeveden et forte d'environ 37 000 hommes.  Arrivant de Russie, les troupes de Buxhoeveden, sont en ce début du mois de Décembre, à 15 jours de marche de la 1e armée.

De son coté, Napoléon pense que les Russes vont retraiter. Il commande à Murat, qui a sous ses ordres le 3e corps de Davout, le 7e d'Augereau, le 5e de Lannes et le 1e  corps de cavalerie de réserve, de poursuivre vers Pułtusk, tandis que le 6e corps de cavalerie de Ney, le 1e  de Bernadotte et le 2e corps de cavalerie de réserve de Bessières contourneront les Russes par la droite et le que le 4e corps de Soult fera le lien entre les deux ailes.

Le 11 Décembre, Kamenski ordonne à ses troupes de tenir la rivière Wkra. Cela retarde les Français qui éprouvent des difficultés à traverser la rivière, jusqu'à ce que Davout ne trouve, le 22 décembre, le moyen de traverser à la jonction de la Wkra et de la Bug.
Le 23 décembre, après un engagement à Soldau avec le corps de Ney, les Prussiens de Lestocq sont repoussés au nord, vers Königsberg.  Le même jour, Davout livre le combat de Czarnowo face aux Russes après avoir traversé la Wkra.
Réalisant le danger, Kamenski commande la retraite sur Ostrołęka. Bennigsen refuse et se dirige vers Pułtusk, en direction de la réserve et des ponts de la Narew. Il dispose de la 22e division d'Ostermann-Tolstoï, de la 6e division de Sedmaratzki, et une partie de la 4e division de Galitzine et de la 3e d'Osten-Sacken.
Du côté des Français, le but est d'encercler Benningsen avant l'arrivée des renforts du général Buxhoeveden : Bessières, Bernadotte et Ney vers le nord-est, doivent couper Benningsen de la Prusse orientale ; Murat, Soult, Davout, Augereau et Lannes doivent pousser Benningsen vers le nord, dans les bras de leurs camarades. Mais ni Soult, Bessières et Bernadotte ne rencontrent les Russes. Au nord-ouest, la plus grande partie de la division du général Galitzine et la 5e division du général Dokhtourov sont arrêtées à Golymin près d'Ostrołęka par les forces de Murat, Davout et Augereau.

Les conditions météos :
Les conditions météo vont jouer un rôle très important, occasionnant bien des difficultés dans les deux camps. Un automne particulièrement doux, qui dure plus longtemps que les autres années. Après les boues de l'automne, gel et  dégel  vont se succéder, transformant les routes en bourbiers. Les deux camps vont éprouver d’énormes difficultés à manœuvrer, en particulier les Français qui peineront à faire avancer leur artillerie.
Lors de la progression du 5e corps de Lannes, entre le 24 et le 25 décembre, celui ci ne parviendra à parcourir qu’une dizaine de kilomètres. Il devra laisser son artillerie à l’arrière, tandis que sa cavalerie empêtré dans la boue, sera incapable de pousser des reconnaissances efficacement.
Durant la bataille, pluie et chutes de neige vont alterner durant toute la journée, tandis qu’un vent glacial balaiera le champ de bataille, gelant les uniformes détrempés, sur le dos des hommes.

Le champ de bataille
Pułtusk se trouve sur les rives de la Narew. La route de Strzegocin traverse la rivière par un pont et se dirige au nord-ouest vers Golymin. Une deuxième route, venant de Varsovie entre dans la ville au sud-ouest, et conduit le long de la rive occidentale vers Różan. Avant qu'elle n'atteigne Pułtusk, cette route est rejointe par celle de Nasielsk. Une dernière route se dirige au nord de la ville vers Maków.
Au Nord-ouest de la ville de Pułtusk se trouve une zone boisée, la forêt de Mostachin, puis, à mesure que l'on se rapproche de la ville, le terrain se découvre et s'élève, formant une sorte de plateau qui se finit vers Pułtusk, encaissant ainsi la Narew, coulant du sud au nord, derrière la ville.
Devant Pułtusk s'étend un terrain plat, dégagé et boueux. Au nord de la ville, des bois couronnent une hauteur près du village de Mosin. Au sud de Pułtusk, la Narew coule, encaissée à l'ouest et entourée de bois à l'est.

Les forces en présence :
Bennigsen arrive à Pultusk le 25 Décembre. Il ignore tout des forces qu’il va devoir affronter. Il déploie ses troupes le long de la route de Pułtusk à Golymin, sur trois lignes composées respectivement de 21, 18 et 5 bataillons. La gauche se repose sur la ville Pultusk, la droite sur la forêt de Mostachin. L'artillerie, composée de cinquante pièces de gros calibre, est placée devant la première ligne.
À l'extrême droite, le général Barclay de Tolly occupe une partie de la forêt de Mostachin, avec trois bataillons, un régiment de cavalerie et une batterie d'artillerie couvrant la route de Golymin. Le général Bagavout couvre la gauche de la ligne au pont qui enjambe la Narew, il tient une position située devant le ravin avec dix bataillons, deux escadrons de dragons et une batterie d'artillerie. 28 escadrons de cavalerie sont déployés au centre, en bordure de crête, et la cavalerie cosaque est déployée devant Barclay et Bagavout. L'armée russe regroupe donc 50 000 hommes, dont 5 000 cavaliers réguliers, plus quelques milliers de cosaques.

Lannes a pour ordre de rejoindre Pułtusk, après avoir traversé la Wkra à la suite de Davout. Il a avec lui les divisions Suchet et Gazan, et la brigade de cavalerie de Treilhard ; sont présents également deux brigades de dragons du général Beker et, détaché du corps de Davout, la division du général Gudin, chargé d’assurer la liaison entre les deux corps.

La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806 Carte_10

La bataille :
Ce 26 Décembre, Lannes, s’est mis en marche très tôt, à la tête de son avant-garde. Celle-ci constituée de quelques escadrons de cavalerie légère – repousse une nués de Cosaques venus s’aventurer devant de lui.  Bientôt, il aperçoit le champ de bataille, les hauteurs de Mosin (Pultusk est masqué) et les positions avancées de Bennigsen. Ce qu’il découvre n’est pas pour l’enthousiasmer, mais les ordres de Napoléon sont clairs : il doit s’emparer de Pultusk !
Bien  qu’il ne puisse, en raison de la configuration du terrain, apercevoir le dispositif de l’ennemi, il organise ses troupes au fur et à mesure qu’elles arrivent : La division Suchet est placée en première ligne : le 17e léger (Claparède), soutenu par les hussards de Treillard, font face aux troupes de Baggovut; Vedel tient le centre avec le 64e de ligne et un bataillon du 88e de ligne; Reille commande le 34e de ligne et un autre bataillon du 88e au sud de Mosin. Suchet est aux côtés de Reille. Il sera bientôt rejoint par Lannes.
Douze escadrons de dragons, emmenés par le général Becker, arrivent en soutien de Reille, tandis que Gazan forme une deuxième ligne avec sa division (11 bataillons).
Il faut un peu de temps pour un tel déploiement et ce n’est qu’aux environs 11 heures que les Français sont prêts à attaquer.

Lannes ne dispose donc que de 20.000 hommes et d’une poignée de pièces d’artillerie régimentaire à opposer aux 40 à 50.000 hommes de Bennigsen, appuyé par une soixantaine de pièces d’artillerie. De plus, il doit, le matin du 26, organiser sa ligne de bataille, alors que Bennigsen occupe déjà, depuis la veille, ses positions.

La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806 Infant12
Vers 11 heures, le 17e léger engage le combat, repoussant les cosaques
ainsi que les dragons de Baggovut, puis malgré le feu des canons Russes, il
chasse de ses positions le 4e régiment de Jägers.


C’est au 17e léger que revient le redoutable honneur d’engager le combat. Il repousse facilement les Cosaques et les dragons de Baggovut, qui ne font pas le poids face aux fantassins Français, et que les canons russes n’intimident pas. Même le 4e Chasseurs  que Baggovut envoie en renfort est  repoussé avec vigueur. Devant ces piètres résultats, Bennigsen ordonne à Osterman-Tolstoy de contre-attaquer, avec quatre bataillons de ses principales forces. Dans le même temps, Vedel  fait avancer à droite ses bataillons pour soutenir l’attaque de Claparède. Ce faisant, il s’expose dangereusement à une attaque de la cavalerie de Bennigsen, postée sur les hauteurs de Mosin.

La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806 Dragon10
Masqués par les bourrasques de neige, les cuirassiers de Kozhin
arrivent au contact du 64e de ligne et leurs causent des pertes
sévères.


Les cuirassiers de Kozhin sont lancés sur les fantassins de Vedel : masqués à la vue des Français par une bourrasque de neige, ils arrivent au contact et causent des pertes sévères aux fantassins du 64e de ligne. Mais le 88e, qui, lui aussi, est dissimulé à la vue des Russes par la neige, vient rapidement à son secours. Au même moment, sur l’aile droite française, le 17e  léger et le régiment Osterman-Tolstoy sont aux prises, dans un furieux corps à corps, sous la neige. Chacun va proclamer sa victoire, mais ce qui est certain, c’est que les bataillons décimés de Vedel reculent, découvrant le flanc de Claparède, qui se voit à son tour forcé de reculer. Il est protégé, dans ce recul, par les hussards de Treillard, qui réussissent, à leur tour à faire reculer l’infanterie d’Osterman-Tolstoy et la cavalerie de Koshin.
Mais, alors que les hussards de Treillard avancent, ceux du russe Isoum, se déplaçant brusquement sur le côté, démasquent une puissante batterie d’artillerie, qui inflige alors aux cavaliers français des pertes sévères, l’obligeant à retraiter à son tour. Pendant que se déroulent ces combats un peu confus au sud-ouest  et à l’ouest de Pultusk, Reille, s’est lancé à l’attaque du bois, défendu par les Chasseurs de Barclay de Tolly. Le 34e de ligne s’avance, emmené par Lannes et Suchet en personne, derrière une nuée de voltigeurs, soutenu sur sa gauche par le 21e  chasseur à cheval. Il tombe sur les Chasseurs de Barclay, comme la foudre. Ceux-ci, se défendant d’arbre en arbre, plient sous la violence de l’assaut, le 34e de ligne s’emparant un moment d’une batterie russe et de la plus grande partie du bois, avant que les Russes ne renversent la situation, par une contre-attaque des mousquetaires de Tinghin et des uhlans polonais. Ils reprennent  même leur batterie et repoussent le 34e de ligne et le 21e  chasseur d’où ils sont venus.

La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806 Infant10
Les mousquetaires de Tinghin marche en direction du bois de Mostachin,
tenu par le 34e de ligne. Malgré une défense acharné, les fantassins Russes
reprennent le bois.


Un bataillon du 88e de ligne arrive à la rescousse, sauvant un temps la situation. Le combat dans le bois dégénère alors en mêlée confuse ou les officiers tentent de maintenir un semblant d’ordre. Les Français réussissent à se maintiennent sur leurs positions, mais les pertes  ont été lourdes. Lannes est blessé, légèrement, son aide de camp Voisin tué. Celui de Suchet, Vidal, est également tué. Les dragons  de Becker ont perdu beaucoup de monde, dont le général Bouslard et le colonel  Barhélémy. Après plusieurs heures de combat acharné, les Français n’ont pas réussi à gagner le moindre terrain. La division Gazan entre alors en ligne et occupe les hauteurs de Mosin, en face du centre de Bennigsen. Il réussit à repousser la cavalerie de celui-ci, mais se trouve rapidement pris sous le feu de l’artillerie russe (près de 30 pièces).
Les pertes de Gazan sont très importantes, son artillerie  ne répondant que faiblement aux tirs des batteries russes. La situation est alors clairement à l’avantage des Russes. Elle va subitement basculer dans l’autre sens. Le général Daultanne, chef d’état-major du maréchal Davout, et qui commande provisoirement la 3e division, entend, alors qu’il s’apprête à bivouaquer pour la nuit, une forte canonnade sur sa droite, lui indiquant que Lannes est engagé dans une bataille.
Il donne l’ordre à ses troupes de marcher au canon. Mais il doit lui aussi emprunter des routes défoncées et encombrées, de sorte qu’il n’arrive à Pultusk qu’à 14 heures. Bennigsen a été informé de l’arrivée de Daultanne, et il n’est donc pas surpris lorsque ce dernier se présente sur le champ de bataille. Il fait replier son aile droite pour faire face à cette nouvelle menace. Il a également envoyé 20 escadrons de cavalerie pour soutenir  Barclay. Tout ceci entraîne un ralentissement  de la pression sur Gazan, et permet à ce dernier de se ressaisir.

La bataille de Pultusk: 26 Décembre 1806 Infant11
Le général Daultanne, à la tête de neufs bataillons de la 3e division
d'infanterie, marche sur le bois de Mostachin. La position est tenue
par deux régiments de mousquetaires et une batterie d'artillerie,
commandé par Barclay de Tolly.



Daultanne, à son arrivée, prend tout juste le temps d’informer Lannes et s’avance en direction de Mosin, avec 9 bataillons, au milieu d’une nouvelle bourrasque de neige. Il est chargé par les uhlans polonais, mais les met rapidement en déroute, tellement ces derniers sont épuisés. Continuant d’avancer, il est cependant bientôt arrêté par l’arrivée de nouveaux cavaliers russes. Barclay, renforcé par deux régiments de mousquetaires (Tchernigov, Litvers) et une batterie emmenée par Bennigsen en personne, réussi à reprendre le contrôle du bois, repoussant encore une fois Reille et le 34e de ligne. Un vide a été créé entre Reille et Daultanne : 20 escadrons envoyés par Bennigsen s’y engouffrent. Par chance, le 85e de ligne sauve la situation, tenant tête à cet assaut.
Cela permet à Lannes et à Daultanne de stabiliser le front. Les dernières tentatives de la cavalerie russe auront lieu vers 20h, dans l’obscurité et les tourmentes de neige, puis Daultanne se retire dans le bois pour la nuit. De leur côté, Claparède et Vedel avaient de nouveau attaqué Baggovut, l’artillerie de Gazan foudroyant l’aile droite de ce dernier. Incapable de résister à cette attaque, Baggovut avait reculé, abandonnant son artillerie. Osterman-Tolstoy  avait alors envoyé deux régiments d’infanterie, soutenus par son artillerie. Arrêtés dans leur progression, les Français  avaient à leur tour dû reculer et abandonner les canons dont ils s’étaient rendus maîtres. Ce recul avait été complété par une charge à la baïonnette, emmenée par le major-général Somov, des mousquetaires Touler.

Epilogue :
Les Russes laissent sur le champ de bataille, 2 000 prisonniers, environ 3 000 tués et blessés, ainsi que la majeure partie de leur artillerie. Du côté français, il y a 1 500 blessées ou tués. Malade depuis plusieurs jours, Lannes rend un rapport sur la bataille très incomplet et incohérent, passant notamment sous silence le rôle de la division Gudin.
Côté russe, Benningsen écrit fort étonnamment au tsar Alexandre 1e  qu'il vient de remporter à Pułtusk une victoire sur Napoléon et trois corps de maréchaux, ainsi que sur la cavalerie de Murat. Il reçoit en échange de cette nouvelle, le commandement général des armées russes en Pologne, ainsi que l'ordre d'en finir avec la Grande Armée.

L'armée russe, durement poursuivie par l'armée française, parvient non sans mal à retraiter, profitant que les conditions météos ralentissent ses poursuivants. Les Russes perdent néanmoins leur artillerie et leurs bagages dans l'affaire, mais la Grande Armée doit prendre ses quartiers d'hiver, et ne peut poursuivre plus en avant son adversaire.
Celui-ci est donc désorganisé, et ne peut plus mener d’opérations offensive pour le moment, mais les Français sont dans le même cas. Les Russes vont donc pouvoir se regrouper et se réapprovisionner pour contre-attaquer les Français au printemps.
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